La pointe des Poulains est liée au personnage de Sarah BERNHARDT, actrice de théâtre du début du xxe siècle, qui possédait un château dans ce magnifique endroit
Sarah BERNHARDT (1844 - 1923).
C'est en 1894 que cette tragédienne nationale au renom international, de retour d'une tournée triomphale à Rio de Janeiro, vient la première fois à Belle-Ile avec le peintre Clairin.
Elle achète le fortin des Poulains qu'elle fait transformer et compléter par des bâtiments à l'architecture austère et le château de Penhoêt en 1909.
D'origine juive, elle a germanisé son nom (Rosine BERNARD), la star de l'époque avec sa cour de célébrités littéraires ou musicales vinrent aux Poulains (Marcel PROUST, Reynaldo HAHN...)
"J'aime à venir chaque année dans cette île pittoresque
goûter tout le charme de sa beauté sauvage et grandiose.
J'y puise sous son soleil vivifiant et reposant,
de nouvelles forces artistiques."
Sarah Bernhardt
LYSIANE SARAH-BERNHARDT
«Je ne retournerai jamais à Belle-Ile-en-Mer...
Les véritables vacances, pour moi, on pris fin en 1922 lorsque ma grand-mère Mme Sarah Bernhardt vendit les sept maisons de la pointe des Poulains... Depuis, chaque année, suivant l'usage au mois d'août, «je prends l'air», je me «démazoute»; l'Amitié m'y aide avec fidélité.
Mes parents m'emmenèrent à Belle-Ile à l'âge du baptême. Plus tard, petite fille pâle habillée en bambin, je courais dans les jardins du fort des Poulains à la recherche de lézards. Mauricette, fille du majordome de ma grand-mère et filleule de mon père Maurice Bernhardt, partageait nos jeux avec ma soeur Simone. Nous avions chacune notre écurie de lézards; les petits sauriens attachés par deux ou trois à des fils de soie vivant une journée sur nos maigres poitrines; le soir nous leur rendions la liberté et recommencions le lendemain...
Ma grand-mère faisait de la sculpture, préparait des conférences, apprenait des rôles, jouait aux dominos en trichant un peu, battait le lait pour en faire ce délicieux beurre salé de Bretagne - lait qui s'obstinait à tourner en fromage blanc-préparait des cornichons avec d'invraisemblables ingrédients et inventait des plats : telle cette sarcelle fourrée d'alouettes assez difficile à digérer... Elle appelait cela se reposer.
En dehors de ses fantaisies culinaires, nous mangions surtout du poisson que mon père chaque matin tirait du trémail, ou encore les provisions abondantes et variées qu'Emilie rapportait du Palais. C'était l'époque où l'on mangeait trop, mais les vents du large et l'air salin se chargeaient de nettoyer nos estomacs. Nous étions nombreux chaque été, nous étions fougueux, nous étions heureux. Nous faisions beaucoup de choses comme les nains de Blanche-neige et nous entourions notre fée Sarah Bernhardt de respects et de tendresses. Belle-Ile, pour moi, reste plus qu'un paysage, le décor de mon enfance et de ma jeunesse. Belle-Ile, c'est une personne aimée. Cette personne je l'ai perdue et la pointe des Poulains n'est pas un cimetière où je puis me rendre... Belle-Ile reste l'image de Sarah Bernhardt notre hôtesse, notre fée. Mais Belle-Ile aujourd'hui est toujours bien vivante, Belle, mystérieuse, sauvage et pourtant poétique si l'on veut rêver entre ses tamaris roses, ses hauts peupliers; bien réelle et noble avec ses rochers accroupis comme des monstres à la pointe des Poulains et ses dunes aux chardons bleus.
Après la guerre de 1914 nous sommes revenus à Penhoët, au manoir et Sarah Bernhardt qui à ce moment-là avait une jambe coupée, une santé plutôt défaillante restait la dame dispensatrice de nos joies.
[...] Il faut visiter Belle-Ile. L'ile bretonne a gardé malgré les années sa pureté, la mélancolie de sa côte sauvage et la fascination de son passé. Le manoir a été détruit, d'autres choses abandonnées... Je sais, il y a de belles ruines: mais pas celle du bonheur. Je ne retournerai pas à Belle-Ile mais mon coeur est toujours avec ceux qui s'y rendent.»
Cétait une femme très volontaire, elle était "dreyfusarde et grâce à elle fut créée une coopérative pour que les bellislois nécessiteux aient du pain pas cher.
Les Allemands détruisirent le château de Penhoët en 1944 à l'explosif et au canon....
Sarah BERNHARDT repose au Père-Lachaise, bien qu'elle voulût être enterrée aux Poulains.
La pointe des poulains